Charles Édouard Delort (1841-1895), peintre.

3 lettres autographes signées adressées à l’architecte, critique d’art, fondateur du Salon d’Automne en 1903, Frantz Jourdain (1847-1935).

1) Lettre autographe signée.1 page et demie in-12. Sans lieu ni date.

Delort est en colère contre Alphonse Daudet qui s’est inspiré de lui pour en faire son personnage de De Potter dans Sapho ! Il évoque une nouvelle de Frantz Jourdain.

« Je n’ai pas répondu de suite à votre aimable invitation ne sachant quelle raison trouver pour vous dire que je ne pourrais l’accepter : j’aime mieux vous dire la vérité que de vous donner une excuse banale qui vous ferait croire que j’ai peur de m’ennuyer chez vous. Depuis que Daudet a écrit Sapho j’ai évité à vrai dire de me trouver avec lui à cause de son état de santé qui le mettrait dans l’impossibilité de répondre à des vivacités de langage et autres que ne pourrais pas retenir si nous nous trouvions face à face. Ceci entre nous.

J’ai lu la rentrée du potache – votre nouvelle est charmante très observée et je me suis fait un indéniable plaisir (…) la figure intéressante de l’enfant et de (…) »

La Rentrée du potache est une nouvelle écrite par Frantz Jourdain et publié dans le recueil Beaumignon (1886).

Alphonse Daudet a écrit Sapho en 1884. Dans son Journal de l'année 1885, Edmond de Goncourt nous conte une anecdote mettant en scène le peintre Delort et Daudet, prise sur le vif.

« Puis il me dit confidentiellement qu'un peintre, un nommé Delort, le type qui a fourni à Daudet dans son roman le personnage de Potter, un moment empêché de chercher querelle à Daudet par Scholl, qui lui aurait dit que ce serait une lâcheté de se battre avec un homme dans un tel état de santé et si peu équilibré sur ses deux jambes, est remordu du désir de se battre, devant la perspective de voir le monsieur fait d'après lui devenir un personnage de théâtre.».

2) Lettre autographe signée. 2 pages et 3 lignes in-12. 2 février 1886.

« Vous êtes bien aimable d’avoir pensé à moi et je vous en remercie bien cordialement. Je ne comprends pas au juste ce que votre amateur demande.

B.... n’a plus qu’une petite aquarelle de moi et encore. Ce serait plutôt un dessin rehaussé qu’une vraie aquarelle. Mais il a eu une assez grande quantité de petites figures à l’huile. »

Il donne un prix : « mes aquarelles à un seul personnage 500 fs ».

« Ce prix peut servir de base ».

« Au cas où il se déciderait, je ne pourrais pas lui donner les deux avant le premier mai » son temps étant pris par la Maison (galerie) Boussod-Valadon.

Ensuite, Charles Delort, évoque ses relations avec des « amis » artistes et les restes d’une polémique. Des faits de sa vie qu’il a raconté à quelqu’un qui a écrit un ouvrage n’ont pas empêché « que des gens mal intentionnés à [son égard lui ont attribué] tout le reste. » !

3) Lettre autographe signée. 1 page in-12. Sans lieu, ni date.

Le peintre va s’appuyer sur un texte de Jourdain.

« Mon cher Jourdain,

Envoyez-moi un texte quelconque et je ferai de mon mieux. (...) que vous ne pressez pas trop le délai. Enchanté de vous être agréable.

Poignée de main de votre tout dévoué. ».