Jules GUYOT (1807-1872), médecin, agronome, physicien, spécialiste de la viticulture.

Lettre autographe signée adressée à l'écrivain Edmond ABOUT. 6 pages in-8. 14 novembre 1867.

Sa vision politique de la France.

En 1867, le médecin Jules Guyot est au fait de sa renommée à la suite à ses nombreuses études systématiques de la viticulture dans les régions françaises et les techniques de vinification. Il dépose aussi des inventions. Vers la fin de sa vie, Jules Guyot commence à s'intéresser à l'économie politique. Dans une style un peu emphatique, cette étonnante et longue lettre à l'écrivain et polémiste Edmond About en fournit des indices tout en ne se départissant pas de quelques principes scientifiques. 

"Je devrai dire cher Monsieur et plus justement cher ami, puisque d'une part vous m'aimez un peu et que d'autre part je vous aime beaucoup : non pas parce que vous m'appelez père Nöel dans votre Progrès et Dr Illustre dans le Moniteur (...) mais parce que vos écrits sont plein d'idées inspirées par les sentiments les plus élevés, les plus généreux, les plus sincères (...).

"Ce que vous dites de la vigne et sur la vigne est parfait dans la forme et dans le fond. C'est au surplus la pure vérité (...) Mais laissons la spécialité".

"Parlons de notre cher pays que nous aimons tous les deux et auquel nous sommes dévoués corps et âmes. Combien de fois j'ai envié votre verve et votre plume ardente ! Combien de fois me suis-je dit : avec M. Edmond About, nous débrouillerions le cahos économique qui tue la France (...) Monsieur Edmond About a une trop vaste intelligence pour ne pas savoir qu'un homme étudie toujours (...) Monsieur Edmond About est convaincu que plus un homme est intelligent plus ses idées se modifient et transforment par l'observation, l'espérance et la réflexion (...)"

"Ce que vous dites si bien des progrès à réaliser pour la vigne est aussi simple et aussi évident à réaliser pour le genre humain : il s'agit de s'expliquer et de s'entendre à cet égard. Les lois humaines ne diffèrent point des lois physiologiques, physiques, astronomiques. Elles sont ce qu'elles sont mais on ne les invente pas. Tout ce que le génie de l'homme peut faire c'est de les chercher et de les découvrir.  Si le génie de l'homme n'est pas dans les assemblées délibérantes, n'est pas dans les masses populaires : il est comme pour l'astronomie dans les Képler, les Galilée ; comme pour la physique dans les Descartes, les Newton, les Pascal, comme pour la chimie dans les Lavoisier, les Guiton de Morveau ; comme pour la physiologie, dans les Haller (...) ; Il se révèle dans la tête et dans le cabinet de quelques hommes privilégiés".

"Malheureusement (...) Nous sommes aujourd'hui dans le cahos politique, économique, moral et religieux le plus complet, un milieu dans lequel s'usent et se perdent toutes les forces intellectuelles et matérielles de notre pays. Et pourtant l'Empereur est excellent, l'Impératrice irréprochable, le Prince Impérial intéressant aux yeux de la grande majorité de la nation (...)"

"Et pourant la Monarchie dynastique, comme le patriarcat, comme la paternité dans la famille, dans la tribu, dans la famille, sont dans les lois physiologiques des sociétés humaines !"

"Ne faut-il point aussi un gouvernement tout neuf, tous les 15 ou 20 ans ?

Mais j'abuse de votre patience (...) J'ai voulu cent fois vous offrir tous mes ouvrages, mais je n'ai jamais su où vous les envoyer : A Saverne ? Ou à Paris ? (...) Merci de tout coeur de vos bonnes citations."