Charles Théodore Eugène Duclerc (1812-1888), homme politique. Député de la gauche modérée, il fut ministre des Finances de la IIe République, sénateur entre 1875 et 1882, président du Conseil en 1882-1883, de nouveau sénateur par la suite.
14 lettres autographes signées + 1 enveloppe. Format : in-8. Soit 28 pages. 9 lettres sont à en-tête de la présidence du conseil, 3 à en-tête du Sénat.
Belle correspondance avec Jeanne Elisabeth Marie de La Croix de Castries, comtesse de Beaumont (1843-1891), datée entre 1879 et 1882.
La comtesse lui demande des services, principalement d’obtenir des décorations. Parfois, Charles Duclerc évoque la situation politique. La correspondance est avant tout amicale, Duclerc étant tombé sous le charme de Jeanne de Castries-Beaumont.
1) Vendredi [1879]. En-tête estampé à son domaine « Bramepan »
« La démarche que vous désirez, faite de vive voix eut été sans doute plus efficace que par écrit (…) Bien sûr j’ignore qui a recommandé M. Blanc : je ne veux savoir qu’une chose, c’est que vous voulez, vous que ce ruban lui soit donné. Espérant que [Pierre Edmond] Teisserenc [de Bord, ministre de l’agriculture] comprendra qu'il est nécessaire que votre volonté soir faite ».
2) Bramepan, 31 août :
« Soit, nous ne causerons pas politique, mais je ne crois pas que comme vous le dites, vous soyez parvenue à vous en désintéresser tout à fait. Vous avez l’âme trop grand pour cela. Quant à amoi, j’aime aussi la France et comme je suis tenace, je l’aimerai tant que je vivrai ».
3) 8 janvier 1882. En-tête de la présidence du Conseil.
« Réponse : …des croix militaires et des croix civils. Celle du Gl Valdan [général, 1810-1883] est militaire. Je vais cependant montrer votre lettre à Billot [sans doute le sénateur]. »
4) 28 septembre 1882. En-tête de la présidence du Conseil.
« J’ai rempli vos ordres auprès du Ministre de l’Instruction publique. Il ne connaît pas, m’a-t-il dit, Monsieur de Lostalot. Je lui ai témoigné ma surprise et l’ai prié de se renseigner, j’ai d’ailleurs insisté. Pour Baudry, je dois déclarer qu’il le connaît. Par conséquent, il a pour lui la meilleure disposition. »
5) Lundi. En-tête de la présidence du Conseil.
Il s’excuse : « une maladresse m’a mis dans mon lit une entorse au genou ». Ce qu’il a demandé de la part de la comtesse avec insistance à un certain M. Duvaux [peut-être Jules Duvaux] n’a pas été pris en considération.
6) 14 août 1882. En-tête de la présidence du Conseil.
« J’ai enfin l’espoir que bien des gens penseront comme vous que le patriotisme seul et la plus entière abnégation étaient seule capable de me faire accepter le redoutable fardeau qui pèse aujourd’hui sur mes épaules".
7) 29 août 1882. En-tête de la présidence du Conseil.
« … avais-je besoin de vous dire que j’ai fait vos deux commissions et vous aurez la réponse de l’Instruction publique et des Beaux-Arts dès que je l’aurai ».
« …si la démagogie parvient à prendre la République ce ne sera point ma faute ».
8) 3 août septembre 1882. En-tête de la présidence du Conseil.
Il accepte son invitation et sera heureux de serrer la main à Decazes (le duc Decazes ?)
9) Vendredi 29. En-tête de la présidence du Conseil.
Il va « se dégager d’un rendez-vous [qu’il a] eu la maladresse d’accepter pour ce soir de 8 à 9 » pour venir chez elle.
10) Lundi. En-tête de la présidence du Conseil.
Il va passer chez elle.
11) 19 juin 1882. En-tête du Sénat.
Il attendait la réponse du ministère de la Guerre qui ne se hâtait pas assez. Il aura cette réponse demain. Il espère qu’elle sera telle que sa correspondant désire.
« Je vous aime toujours mieux que votre portrait »
12) 31 décembre 1882. En-tête de la présidence du Conseil.
Il désire, le premier, lui souhaiter ses meilleurs vœux pour la prochaine année. « La dernière lettre que vous m’avez écrite m’a fait de la peine. Vous avez l’air de douter que j’ai fait tout ce qui était de mon pouvoir pour vous satisfaire. »
13) Dimanche 15. En-tête du Sénat.
« Non, il ne faut pas m’oublier car je suis bien au fond du cœur, votre ami »
« Merci de ce que vous me dites de mon passage au Quai d’Orsay. Il m’a coûté cher ; mais, moi aussi, j’ai la confiance que je n’ai pas à la regretter. Seulement, ce n’est pas à recommencer. »
14) Vendredi 23. En-tête du Sénat.
Rapportant une conversation avec Decazes, il écrit : « elle m’oublie et je commence à croire qu’elle ne m’aime plus du tout. » Elle reçoit une lettre de la comtesse le lendemain… Il ira la voir après avoir fait sa rentrée au Sénat mais « avant la discussion qui vous intéresse et surtout avant le vote».