SULLY PRUDHOMME (1839-1907),
écrivain.
Réflexions sur l'illustration des textes littéraires.
Sur deux contes illustrés. Manuscrit autographe
signé. 7 pages in-8. Châtenay, 5 novembre 1906. À huit endroits du
manuscrit, un morceau de papier, d’un ou deux mots ou d’une ligne, recouvre des
mots raturés ou repris afin de rendre une copie aussi propre que possible.
À partir de deux ouvrages illustrés par Henri Malteste, dit
Malatesta (1870-1920) : Le Jongleur de NotreDame d’Anatole France et La
légende de Saint Julien L'Hospitalier de Gustave Flaubert, l’écrivain
réfléchit aux difficultés d’illustrer des mots choisis et la vision
particulière des écrivains aussi différents qu’Anatole France et Gustave
Flaubert, sans oublier d’évoquer la problématique de la réception par le
lecteur.
Sully Prudhomme, par une belle formule, traduit sa joie à la
lecture de ces deux ouvrages : ils « m’ont causé une rare jouissance où le plaisir
de l’esprit s’accroît d’une caresse aux yeux ». Son argumentation débute en
posant la question de savoir si seuls les mots ne suffiraient pas « à
susciter dans l’imagination du lecteur une sorte de photographie des
personnages et des scènes qu’ils évoquent ? ».
Il en profite pour juger les deux écritures, l’une qui «
polit le mieux son style » (Flaubert), l’autre qui « teint la
vitre d’une légère buée » (Anatole France). Il poursuit sa réflexion : «
Quel service peuvent bien rendre dans une telle collaboration le crayon et le
pinceau à la plume ». Il évoque la réception des mots par le lecteur mais
aussi par l’artiste, comme forcément subjective. Mais pour lui : « la
mission de l’illustrateur (…) supplée chez le lecteur à l’insuffisance
de l’aptitude imaginative ». L’illustration a pour fonction « de plaire
à l’oeil, non de passionner le regard ; la passion est plus dramatique que décorative
».
« Ainsi par une intime intelligence du texte,
l’illustration fait l’éloge de celui-ci et mérite l’éloge en même temps » et reconnaît
que l’art d’illustrer est une « entreprise périlleuse ». Il ne faut pas
qu’il trahisse la pensée qu’il veut servir. Or Malatesta est aussi un poète,
c’est pour cela qu’il a si bien réussi ses illustrations !
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